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Première photo pour Inexorable, le prochain long-métrage de Fabrice Du Welz

Initialement prévu au printemps, le tournage d’Inexorable avait été repoussé au mois de juillet en raison du confinement, avant de s’être achevé tranquillement le 19 août dernier. Après le splendide film d’enfance qu’était Adoration, injustement boudé par le public à sa sortie en janvier dernier, le cinéaste belge a voulu prendre le contre-pied esthétique et thématique du film qu’il venait d’achever, pour sortir de sa zone de confort et réinventer, avec Inexorable, son propre cinéma. 

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La belle équipe 🔥 #inexorable Shooting now ❤️

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Le synopsis officiel du film :

« Après le succès retentissant de son premier roman Inexorable, Marcel Bellmer  (Benoit Poelvoorde) n’a jamais vraiment réussi à renouer avec le succès. Des années plus tard et au sortir d’une dépression qui l’a terrassé, il emménage avec sa femme et éditrice Jeanne Drahi (Mélanie Doutey), sa fille Lucie (Janaïna halloy) et leur chien Ulysse dans la riche propriété de son beau-père tout juste décédé. Dans ce temple de l’érudition où se sont succédés les grands écrivains du XXème Siècle, Marcel sent qu’il est rattrapé par ses démons. C’est alors que Gloria (Alba Bellugi), étrangement fascinée par les Bellmer, se fait engager comme femme de ménage. Jeune et fougueuse, elle se rapproche de Marcel, ils s’attirent. Alors que Marcel sent revenir en lui le feu qui lui avait inspiré Inexorable, il glisse inexorablement dans un piège qui pourrait bien le mener à sa perte »

(Source : site internet de Frakas Productions, co-producteurs du film)

Notons tout d’abord le petit écho du nom Bellmer à celui des époux Belhmer de Vinyan (2008), mais aussi et surtout, le retour de l’incontournable personnage-motif de Gloria, déjà présent dans Calvaire (2004), Alleluia (2014) et Adoration. Le retour de l’archétype de l’amour fou et pulsionnel ? Oui, mais pas que. Dans un excellent entretien accordé en juillet dernier au site belge Cinevox, le cinéaste précise quelques points concernant cette nouvelle itération du personnage de Gloria : 

« C’est toujours la même chose, une quête désespérée d’amour ultime. Je crois que cette Gloria-là est probablement ma Gloria la plus nihiliste, la plus déterminée, la plus troublée. Et c’est presque un personnage de fantôme, de revenante, comme dans les films d’Hideo Gosha ou de Clint Eastwood. C’est vraiment un personnage qui arrive dans la ville et qui a un dessein, un agenda, et on se demande pourquoi elle est là. Elle s’immisce, elle flotte »

(Source : « Sur le tournage de… Inexorable », cinevox.be, 01/08/2020)

Plus loin, il développe un propos très intéressant sur l’évolution du point de vue porté sur ses personnages féminins : 

« C’est un film qui vient de mon amour des films noirs des années 50, mais c’est un film inscrit dans l’ici et le maintenant. Et qui surtout, prend en compte les changements sociologiques des dernières années. La place des femmes, le regard posé sur elles. L’idée n’est pas de faire un pamphlet à ce sujet, mais en tous cas d’explorer ces questions au fil du récit. […] Dans le film noir ou le home invasion comme Fatal Attraction ou Basic Instinct, la vision de la femme est très datée, ce sont les années 80, la femme est particulièrement objectivée, sans retenue. Elle l’est toujours hein, mais les choses ont quand même changé. Et je ne pouvais pas faire abstraction de ce mouvement en cours. Le dernier tiers du scénario a beaucoup changé ces dernières années »

(Source : « Sur le tournage de… Inexorable », cinevox.be, 01/08/2020)

Ce souci du cinéaste de remettre en question le régime de représentation qui concernait jusqu’alors certains de ses personnages féminins, est d’une part un geste tout à fait louable, et d’autre part, une démarche esthétique et dramaturgique tout à fait intriguante pour les aficionados de son cinéma (que nous sommes !). il faut bien évidemment attendre de voir sur pièce, mais la simple idée que Fabrice du Welz « fasse du Du Welz » en s’opposant au film qu’il a précédemment fait, est la probable clé d’un cinéma qui, tout en gardant sa cohérence, aura toujours comme garantie de proposer une expérience nouvelle à ses spectateurs. Un cinéma vivant, en somme. Lars von Trier ne dirait pas le contraire…

Dans la même interview accordée à Cinevox, le cinéaste évoque également un souci de troquer ses goûts pour les gros plans en longue focale contre des plans plus larges. Intriguant, là aussi, dans la mesure où son film se rattachera plus ou moins au genre du huis clos. Encore une façon de se mettre en danger, aussi bien en ce qui concerne le genre cinématographique qu’il aborde, que par rapport aux grands espaces auxquels il nous avait habitués dans ses précédents films, de Vinyan à Adoration. Du Welz cite également les genres du thriller, du film noir (« très noir »), du homme invasion, du film de fantôme (comme esquissé dans sa description du personnage de Gloria), ou bien encore du film social à la Chabrol, comme des tendances plus ou moins prégnantes de son nouveau film. Le cinéaste insiste néanmoins sur la dimension sociale, présentée comme plus forte que dans ses films précédents, et que nous pourrions lier, d’une certaine manière, au fait qu’Inexorable soit  avant tout un « film d’adultes », opposé à l’errance candide des enfants d’Adoration

« C’est un vrai film d’adultes. Ce que l’on cache, ce que l’on dissimule, l’image que l’on aimerait projeter de nous-mêmes et ce que les autres perçoivent de nous. Sur les secrets de famille. Sur le couple, l’amour, l’impossibilité d’être seul, et en même temps l’impossibilité d’être à deux »

(Source : « Sur le tournage de… Inexorable », cinevox.be, 01/08/2020)

Au casting, Du Welz retrouve Benoit Poelvoorde, qui tiendra, après sa magnifique performance dans Adoration, le rôle de Marcel Bellmer, cet écrivain tourmenté en panne d’inspiration. Mélanie Doutey (l’occasion de se rappeler de son rôle dans La Fleur du Mal (2003) de Chabrol) jouera quant à elle Jeanne Drahi, épouse de Bellmer et surtout héritière d’une grosse maison d’édition, tandis qu’Alba Bellugi, apparue notamment dans 3 x Manon (2014) et Into the Night (2020), interprétera le rôle de Gloria. La fille de Bellmer et de Drahi sera jouée par la jeune Janaïna Halloy, et une photo postée sur le compte Instagram du réalisateur laisse entendre la présence au casting de… Jackie Berroyer, qui retrouverait donc le cinéma de Du Welz seize ans après son incroyable performance dans Calvaire !

On retrouvera à la photo le talentueux Manuel Dacosse, qui signe avec Inexorable sa troisième collaboration avec Du Welz, après Alleluia et Adoration. En pellicule, évidemment.

Le film sera enfin distribué par les incontournables Jokers (également co-producteurs), qui ont posté une première photo du film hier sur les réseaux sociaux.

Vous l’aurez compris, nous sommes plus qu’intrigués par ce nouveau projet d’un cinéaste que nous défendons, et que nous estimons (surtout moi) comme l’un des plasticiens les plus importants du cinéma francophone contemporain.

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